Mohare Danda trek en Octobre 2024 : Coup de cœur en famille

​”L’équipe au complet” 

Cet après-midi d’octobre où Subhadin vient nous attendre à l’hôtel, mes trois enfants et moi, après nos dix heures de vol et quinze heures de voyage, nous ne retrouvons pas un guide délégué par une quelconque agence mais un ami que nous connaissons autant qu’il nous connaît, quelqu’un en qui nous avons toute confiance. Depuis un précédent séjour au Népal, huit ans auparavant, où je l’ai croisé par hasard à la gare routière, nous sommes restés en contact et n’avons cessé d’échanger par écrit.

Sur ma vie quotidienne en France, l’actualité politique, la famille qui s’agrandit ou notre style de vie, Subhadin a témoigné d’une curiosité vive et inlassable. Je lui ai souvent retourné ses questions. Les rigueurs du confinement durant la pandémie de Covid nous ont encore rapprochés. En lui demandant de construire le programme de ces deux semaines, nous nous en sommes remis à une encyclopédie vivante du pays. Les temples et monuments, la montagne et ses sentiers de trek, l’histoire politique et la culture, la biodiversité et l’impact du réchauffement, il peut aborder tous les sujets. Cela tombe bien, nous arrivons avec une foule de questions.

Nous retrouvons donc ce pays qui nous avait touchés au cœur (deux de mes enfants y ont accompli des missions bénévoles) pour un circuit qui va nous faire mieux goûter à son âme. Il a juste fallu attendre un dernier feu vert. Quelques semaines auparavant, des glissements de terrain ont emporté plusieurs centaines de vies et coupé des routes. Subhadin a reconnu le terrain à deux reprises avant de nous accueillir. Ces tragédies qui meurtrissent régulièrement la terre de Bouddha nous rappellent à quel point sa beauté et sa richesse sont fragiles. Nous avions gardé en tête les monuments de Bhaktapur mis à bas par le séisme de 2015, nous allons contourner les coulées de roche et de boue qui balafrent la Prithvi Highway.

Mais très vite, dans le sillage de Monsieur « Bonne journée » (le sens de son prénom en népalais), nous allons atteindre cette tranquillité d’esprit qui nous fera survoler sans peine le chaos de la circulation dans la capitale, ignorer les dépassements téméraires des chauffeurs de bus sur des pistes défoncées, accepter avec le sourire un changement inopiné de programme ou d’hébergement. C’est une constante de ces deux semaines qui nous verront visiter Katmandou et Bhaktapur, rouler jusqu’à Beni via Pokhara, marcher de Beni à Ghandruk puis regagner la capitale : on avance toujours « bistare bistare », tranquille.

Concentré sur les itinéraires, les temps de pauses, les forces à reprendre, Subhadin donne le rythme sans en avoir l’air. Sous son autorité douce, on progresse sans bousculer, on grimpe les yeux grands ouverts, on n’oublie pas de respirer ni de parler. Dans l’ombre du palais de Patan comme sur les raides sentiers qui mènent à l’éblouissant point de vue de Mohare Danda, à 3313m, on savoure l’instant présent en écoutant, en assimilant, en questionnant. Echange et partage : parmi les promesses de Longwalk Adventures, c’est celle que retiendront en priorité de ce périple mes enfants de 33, 30 et 28 ans. Eux qui avaient déjà goûté au dépaysement de régions tropicales et de villes chaotiques se montreront particulièrement sensibles à cette ouverture pratiquée par notre ami et accompagnateur.

« Nous avons eu l’impression de ne pas être dans une simple relation marchande avec le guide mais dans un vrai partage de culture et de connaissances sur le Népal, la montagne et ses environs », me résumeront-ils une fois rentrés en France. Subhadin Gautam a de multiples talents dont celui de nous faire sentir chez nous un peu partout. Dans sa cuisine familiale autour d’un dal bhat cuisiné avec amour par sa femme Sangita. Dans la pièce à vivre d’une lodge au confort minimal, ouverte aux brumes de la montagne, où ronronne un poêle sexagénaire. Dans un bus de montagne ballotté par les nids de poule, au milieu des marchandes en sari et des familles de retour du marché.

Son sourire, sa retenue et ses manières respectueuses sont les meilleurs passeports pour approcher les vérités de la vie népalaise. Il nous rend plus visiteur que touriste, plus invité que voyageur. C’est aussi parce qu’il sait trouver les bons relais, cultiver les bons contacts, composer les bonnes équipes. La nôtre s’appuie sur Jeet et Santosh, deux porteurs avec lesquels il travaille depuis plusieurs années. L’un, 40 ans, fermier et père de quatre enfants, l’autre, 22 ans, étudiant en informatique, fils et frère de guides. Deux sacs chacun sur le dos, un œil sur nous, à l’affut d’un trébuchement ou d’un coup de fatigue, ils nous facilitent les montées les plus raides, les descentes les plus casse-pattes, par leur présence rassurante et leur bonne humeur tout terrain.

 

La difficulté du trek Mohare Danda a beau être classée moyenne, elle n’est pas négligeable. Ça monte fort ? Oui, car c’est un trek, mais ça descend aussi. Donc ça va, ce n’est pas trop dur ? Non, pas trop, mais attention quand même à la fin des étapes car, là, ça monte très fort… Subtilité de la dialectique népalaise. Pourtant, ce n’est pas ce qui domine nos impressions à l’arrivée de cette magnifique marche de 75 km où des paysages époustouflants effacent d’un coup les milliers de marches avalées et les litres de sueur dépensés.

Mission Accomplie

Nous retenons plutôt des atmosphères, des images, des sensations, des moments à part, des saveurs, des réveils, une partie de cartes autour d’un poêle bricolé, le silence enveloppant d’une forêt magique. Et puis cette attitude méditative, contemplative, observatrice, que Subhadin cultive jour après jour, dès sa première séance de méditation, à 6h15 du matin, assis face au soleil levant, et qui infuse dans notre petite équipe. C’est pour toutes ces raisons qu’avec lui, un voyage est une œuvre unique, une création commune, une opportunité qu’il faut savoir saisir sans oublier combien elle est précieuse.

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